Si la destination est plus ou moins importante, amorcer sa démarche de transformation numérique s’avère primordial.
par Olivier Laquinte
Chaque samedi et dimanche matin à 7h10, mon fils de 2 ans et moi écoutons les Barbapapa. Vous savez, cette famille de créatures rondes qui se transforment au gré de leurs aventures, souvent pour mieux s’adapter à leur environnement.
Ce n’est évidemment pas la seule émission que nous écoutons pendant notre rituel hebdomadaire, mais c’est toutefois le seul dessin animé que j’écoutais moi aussi lorsque j’étais enfant. Je vais garder mon âge pour moi, mais disons seulement qu’à cette époque, ce n’était pas www.amazon.com qui faisait rêver les jeunes, c’était plutôt le catalogue de Distribution aux Consommateurs.
Les créatures qui se transforment et s’adaptent nous ont toujours fascinés. À l’âge adulte, on se rend compte que les entreprises cherchent à faire la même chose pour garder leurs clients, gagner des parts de marchés, et ultimement assurer leur pérennité.
Si la nécessité de s’adapter n’est pas nouvelle, le rythme auquel il faut effectuer des changements s’est, lui, grandement accéléré dans les dix dernières années, entre autres grâce à l’omniprésence de la technologie. Historiquement, les comités de direction décidaient des orientations à prendre dans le cadre d’une planification stratégique. Puis, au mieux, on déléguait aux directions TI la tâche d’identifier les technologies à mettre en place; au pire, ces dernières découvraient le contenu du plan stratégique au fil du temps.
La situation a évolué depuis. Il est désormais difficile de dire ce qui vient en premier, entre la stratégie ou la technologie. Est-ce la stratégie d’entreprise qui définit l’utilisation de la technologie, ou les changements technologiques qui influencent la stratégie d’entreprise?
La «Transformation numérique» est-elle un moyen ou une fin en soi?
Si pour certains, la transformation numérique c’est l’industrie 4.0, pour d’autres, c’est faire du commerce électronique, ou encore optimiser un site web, implanter un progiciel de gestion intégré (PGI, ou ERP en anglais), un logiciel de gestion de la relation client (CRM en anglais), ou faire de la cybersécurité. Il existe certainement autant de définitions qu’il y a de produits ou de solutions disponibles.
Il est donc normal de s’y perdre.
Avant de définir ce qu’est la transformation numérique, permettez-moi plutôt de vous dire ce que ce n’est pas: une finalité.
C’est plutôt un changement de culture, une démarche ou un état d’esprit pour faire en sorte que votre organisation saura répondre aux différentes forces qui s’exercent sur elle, en harmonisant vos ressources humaines, vos processus et vos données, à travers une utilisation judicieuse de la technologie.
Si la destination est plus ou moins importante, amorcer sa démarche s’avère primordial. Voici deux grands principes qui selon moi sont à adopter lorsque l’on commence sa transformation:
C’est trop souvent le modèle d’affaires actuel qui guide les décisions au détriment de la raison d’être. La raison permet d’avoir une vision à plus long terme. Si les dirigeants de Kodak avaient incarné la mission de l’entreprise, fournir à ses clients une multitude de façons de capturer, stocker, traiter, produire et communiquer des images et des souvenirs, la décision de rejeter la photo numérique aurait été tout autre.
Malheureusement, le modèle de génération de revenus de Kodak et la production de produits chimiques permettant la production de photos ont eu l’effet d’œillères entraînant les conséquences que l’on connaît. La raison d’être d’une entreprise permet de garder cap sur son essence, sans fermer la porte à de nouvelles perspectives.
Votre prochain compétiteur n’est peut-être pas celui que vous croyez, d’autant plus que nous rivalisons tout autant pour des clients que pour des employés. Des compagnies irlandaises offrent des emplois 100% virtuels sur la Côte-Nord, au Saguenay ou en Gaspésie. La guerre des talents prendra une toute nouvelle tournure dans les prochains mois et les prochaines années.
La transformation numérique n’est certainement pas un projet comme un autre. Il faut la voir comme un projet de transformation organisationnelle à l’aide de technologies numériques, pour tendre vers une économie désormais de plus en plus numérique.
Cet article a été publié dans le blogue d’Olivier Laquinte sur LesAffaires.com, ainsi que sur Talsom.com