En s’inscrivant en finances et management à HEC Montréal, Kayci Ozorai savait qu’elle voulait se lancer en entrepreneuriat, sans trop savoir cependant dans quel domaine. Elle s’est impliquée dans ImmoHEC, un comité en immobilier pour les étudiants et a commencé à développer un intérêt pour ce secteur. En 2016, elle entre chez Gestion immobilière Griffin à titre de directrice des opérations. C’est là qu’elle rencontre Philippe Désormeaux, un ingénieur en génie mécanique qui occupait le poste de gestionnaire des opérations techniques, qui deviendra son futur associé dans REGISCO immobilier.
Gestion immobilière Griffin travaillait sur des projets d’immeubles à condominium de 300 unités et plus dans le sud-ouest de Montréal. Ces immeubles comprennent une piscine, parfois un sauna, des ascenseurs, des espaces de stationnement… tout un ensemble d’éléments qu’il faut suivre.
« Cela m’a amenée à prendre des décisions importantes, explique Kayci Ozorai. Les syndicats de propriétés sont des entités enregistrées comprenant un conseil d’administration qui doit veiller à la préservation de l’immeuble et au respect des obligations légales. Cela peut devenir très complexe. Au Québec, les syndicats de propriétés peuvent nommer un gestionnaire externe pour s’occuper de ces questions ou alors, un copropriétaire peut s’en occuper, sans avoir nécessairement les connaissances et les compétences. »
Kayci Ozorai et Philippe Désormeaux ont commencé à chercher une solution existante sur le marché qui pourrait aider les gestionnaires de copropriétés. Comme ils n’en trouvaient pas, ils ont commencé à développer une solution pour leur employeur de l’époque. Les deux cofondateurs se complétaient bien, lui avec ses connaissances en génie mécanique, elle avec son expérience en gestion.
« Nous avons vu que le marché des copropriétés prenait son envol au Québec, mais aussi en Ontario et même à l’international, ajoute la directrice du développement stratégique. Et même dans les petites copropriétés, il faut qu’une personne s’occupe de la gestion ; cela prend du temps et il peut arriver que le suivi soit mal fait. »
REGISCO se veut un carnet grâce auquel le gestionnaire de copropriété peut faire tout le suivi nécessaire. Par exemple, s’il y a des infiltrations d’eau, il faut retrouver la trace du constructeur, voir si une garantie existe et comment le suivi a été fait. L’entreprise a été créée au printemps 2018, et l’équipe a développé un outil déjà fonctionnel qui compte dès lors des clients payants. Depuis un an, la plateforme s’avère prête à aller sur le marché.
En 2019, le gouvernement du Québec a adopté la Loi 16 qui oblige, entre autres, le syndicat de copropriété à obtenir une étude de fonds de prévoyance tous les cinq ans faits par un membre d’un ordre professionnel et à faire établir un carnet d’entretien et le faire réviser périodiquement. Elle touche entre 30 000 et 40 000 syndicats. La loi n’a pas encore été déposée, mais quand elle le sera, ceux-ci auront 3 ans pour se conformer à la loi.
« Le carnet que nous avons développé sur notre plateforme devient la mémoire corporative du syndicat, donc on n’est pas obligé de repartir à zéro lorsqu’il y a des changements dans la copropriété, souligne Kayci Ozorai. Nous avons aussi créé une bibliothèque de plus de 400 composants, types de ventilation, portes de garage, maçonnerie, revêtements extérieurs, etc. »
La plateforme est disponible en mode logiciel en tant que service, le prix variant selon le nombre d’utilisateurs et du type de services voulu.
REGISCO est l’une des sept PME lauréates des Bourses Jeunes Entreprises 2023 de l’Association québécoise des technologies. Cette bourse permettra à la start-up de travailler sur la commercialisation grâce au réseautage et aux activités offertes par l’association, telles que les groupes de discussion ou une participation à Vision PDG.
« Nous allons pouvoir échanger avec des gens qui sont passés par là, note-t-elle. Aussi, nous pourrons mieux connaître les enjeux de l’industrie, comme le développement durable ou l’utilisation de l’intelligence artificielle. Tout avance tellement vite et une organisation comme l’AQT peut nous permettre de voir venir les choses. »