J’ai commencé ma carrière dans une tout autre industrie où, je dois l’avouer, je ne me considérais pas comme une minorité en tant que femme. Mais lorsque j’ai fait le saut en technologie en 2014, j’ai été frappée par le manque de femmes, surtout dans les rôles techniques et la haute direction. Beaucoup d’entreprises de notre industrie ont été fondées par des hommes. Arrivée chez Osedea comme employée numéro six, j’ai été la seule femme pendant un certain temps. Quoique cette réalité n’ait pas été une expérience négative pour moi, j’ai voulu trouver de l’inspiration et aider les autres à changer cette réalité.

Dans cet article, je souhaite vous parler de ce qui nous a aidés ou de ce qui, je crois, peut aider les organisations en technologie à attirer et à retenir un plus grand nombre de femmes. D’ailleurs, je tiens à dire que nous ne pouvons pas aborder la réalité des femmes en technologie sans parler du travail à faire pour inclure les personnes issues des communautés minoritaires ou marginalisées.

Diversité, équité et inclusion en technologie

Récemment, je lisais le livre Brotopia: Breaking Up the Boys’ Club of Silicon Valley. C’est un récit troublant de l’expérience des femmes dans de nombreuses organisations et entreprises en démarrage. Heureusement, les choses évoluent heureusement, mais pas assez vite. Encore aujourd’hui, moins de 2 % des nouvelles entreprises de logiciels (startups) aux États-Unis sont fondées par des femmes (Wall Street Journal, 8 décembre 2021), et on rapporte souvent dans les médias des problématiques de diversité.

Le livre m’a beaucoup fait réfléchir sur l’écosystème techno au Québec. Si je me fie à mon expérience et à mes échanges avec divers acteurs de l’industrie, la bonne nouvelle, c’est que la situation n’est pas aussi critique au Québec que celle décrite dans Brotopia. Il y a eu beaucoup d’améliorations depuis mes débuts en 2014. Des organismes voient le jour, comme QueerTech, qui a pour mission de briser les barrières, de créer des espaces et de connecter les communautés pour soutenir et outiller les personnes LGBTQ2S+. Il y a aussi des initiatives comme la mission commerciale Femmes en tech de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, parrainée par Ubisoft, à laquelle j’ai adoré participer. Je rencontre de plus en plus de femmes et de personnes issues des minorités dans de tels événements ou dans mon réseau.

Même si en 2022 une vaste majorité des organisations de notre industrie disent que la diversité, l’équité et l’inclusion sont une priorité, la réalité est qu’il faut continuer à travailler fort et à poser plus d’actions concrètes. Dans un article de La Presse publié en 2020, on indique que malgré la croissance du nombre d’emplois en technologie, plus de 80 % des postes sont occupés par des hommes (« Et si c’était aux entreprises de les intéresser? », La Presse, 14 novembre 2020).

Un grand constat revient dans de nombreux rapports : une bonne partie du travail doit être faite en amont, pour encourager les jeunes femmes (et les personnes issues des groupes minoritaires ou marginalisés) à étudier dans les domaines liés aux technologies. Je repense souvent à mon parcours scolaire : j’avais de la facilité et un goût pour les mathématiques et la physique. On m’a plutôt encouragée à aller vers la médecine et la pharmacie, au lieu d’opter pour un métier en génie qui aurait pourtant été un meilleur profil pour moi.

C’est dire qu’il faut continuer à briser les barrières pour rendre les milieux scolaires en sciences et technologies plus inclusifs. Comme industrie, nous pouvons contribuer au mouvement. Que vous soyez dans un poste de direction ou que vous ayez à cœur le bien-être de votre équipe, je vous invite à agir et à motiver l’ensemble de votre organisation à le faire.

Comment s’y prendre

Le chemin pour devenir une industrie plus inclusive n’est pas de tout repos. Il faut aller au-delà des mots. Voici quelques actions que je vous encourage à poser et à garder en tête.

Faire de la diversité une priorité lors du recrutement. Oui, on vit tous une grande pénurie de main-d’œuvre, mais il ne faut pas négliger la diversité. Vous pouvez faire plusieurs choses :

• vous assurer que vos offres d’emploi sont inclusives;
• étendre le type de profil que vous cherchez pour avoir accès à une plus grande diversité de candidats;
• établir des partenariats avec des organismes comme QueerTech, Women in Tech, etc., afin d’attirer plus de diversité à votre organisation;
• revoir vos avantages pour vous assurer qu’ils répondent aux besoins d’une population diversifiée et pas seulement à ceux de votre équipe actuelle.

Grâce à cette approche, nous avons obtenu les résultats suivants : le pourcentage de femmes dans l’équipe est passé de 15 à 40 % en quatre ans, ce qui est bien en haut de la moyenne québécoise de 20 %. Nous sommes heureux du progrès accompli, mais nous continuons également à travailler fort pour atteindre la parité et avoir une encore meilleure représentation de personnes issues des minorités ou des communautés marginalisées.

Faire de la diversité, de l’équité et de l’inclusion une super-priorité pour l’ensemble de votre équipe, pas juste les RH ou la direction. Pensez aux rituels qui nourrissent une culture forte dans votre organisation et demandez-vous comment vous pouvez y intégrer la diversité, l’équité et l’inclusion.

Voici quelques exemples :

• chaque vendredi, nous avons des midis-conférences où toute l’équipe se réunit. Nous allouons toujours un certain temps aux initiatives de diversité;
• notre équipe d’activités réfléchit aussi aux différentes façons de cultiver la diversité et l’inclusion et de motiver l’ensemble de l’équipe à voir l’importance de cet enjeu dans tous les aspects de leur vie au travail.

Collaborer activement avec des organismes qui font la promotion de la diversité, de l’équité et de l’inclusion. Ils peuvent être une source de formation, d’activités de sensibilisation ou de stratégies pour vous aider dans votre parcours.

Je vous invite à poursuivre votre réflexion et à poser des actions concrètes pour faire de notre industrie un milieu inclusif. C’est ensemble que nous allons y arriver. Je serai ravie d’échanger avec vous pour continuer la discussion ou pour vous aider dans votre parcours vers l’inclusion et l’équité.

Article écrit par Ivana Markovic (Osedea)

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