Invitée en tant qu’experte à Vision PDG, le grand rassemblement des membres de l’Association québécoise des technologies, Marie-Josée Gagnon n’en est pas moins PDG elle-même. Elle fonde CASACOM, une firme de consultation pancanadienne indépendante spécialisée en relations publiques et communication intégrées, et en dirige la destinée depuis. Devant les PDG réunis à Gatineau, elle a expliqué que, aujourd’hui, les patron.ne.s d’entreprises ont rarement été autant mis au défi.
La guerre en Ukraine, l’inflation, les risques de récession, la pénurie de main-d’œuvre, les défis pour retenir et recruter de nouveaux éléments viennent ajouter des défis aux PDG déjà en hyper demande. Alors qu’ils et elles devraient se trouver en hyper croissance, ils et elles font face à une économie qui ne leur est pas favorable. Une enquête de Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) datant de mai 2022 démontre que 66 % des PDG se trouvent au bord de l’épuisement. Elle-même, comme patronne, a dû faire face à du manque de personnel, n’ayant, par exemple, pas de réceptionniste pendant un an.
« On est frustré, on vit une perte de contrôle et un effritement face à sa destinée, confie la fondatrice de Casacom. On s’éloigne de notre entreprise de rêve et on ralentit l’atteinte de nos objectifs. Alors qu’est-ce que vous pouvez faire? » Marie-Josée Gagnon explique qu’il existe une marche à suivre très simple, très évidente.
Les entrepreneurs ne veulent pas construire des châteaux de cartes, mais de beaux édifices. Or, selon la spécialiste, l’édifice repose d’abord et avant tout sur la marque, sur l’alignement avec l’équipe, sur les relations et la communication et, ensuite, sur la croissance durable. « Pour croître durablement, il faut définir une marque forte et unique, aligner son équipe et communiquer, illustre-t-elle. La marque devient un outil commercial qui permet de construire des relations qui vont construire le futur. Elle crée une connexion avec le public. La marque, c’est votre différence et elle procure toute une valeur à l’organisation. » Plus la marque est ancrée, plus l’édifice demeure solide. Elle invite d’ailleurs les PDG à réviser ou établir leur marque. Comme PDG, ils ne peuvent y échapper. La marque façonne l’unicité du PDG.
La base même d’une organisation s’avère d’avoir une mission, mais surtout une mission galvanisante. Marie-Josée Gagnon donne en exemple Disney, dont la mission est de rendre les gens heureux. Ou encore, lorsque Nike est arrivé sur le marché, sa mission était d’écraser Adidas. La mission de l’entreprise doit être claire et pour cela, il faut comprendre quelle est la destination pour être motivant et engageant. Puis viennent les valeurs : « Comment faites-vous ce que vous faites? Qu’est-ce qui vous rend unique? », demande-t-elle aux entrepreneur.e.s. Les valeurs du PDG doivent être en concordance avec ce qu’il est et ce qu’il croit. Ils et elles doivent être prêts à se mouiller et dire qui ils sont. Surtout, ils et elles ne doivent pas être fades, insiste-t-elle.
Il faut aussi aligner ses équipes, surtout celle de direction en se posant quelques questions : Est-ce que les bonnes personnes se trouvent au bon endroit? Est-ce qu’elles ont l’adhésion et la confiance? Y a-t-il un dialogue constant sur les enjeux, les opportunités et les solutions? Chaque membre de l’équipe de direction doit être engagé, car, rappelle-t-elle, 90 % des problèmes en entreprise viennent de la communication. « Communiquer est fondamental, affirme Marie-Josée Gagnon. Il faut avoir le désir de devenir bon en communication. » Comme outil d’alignement, la spécialiste conseille d’avoir une stratégie d’affaire qui se définisse en 35 mots, pas plus.
Communiquer doit demeurer dans la matrice de l’entreprise et cela passe par des messages simples et des histoires. Marie-Josée Gagnon recommande d’ailleurs à tous les PDG de rencontrer tous leurs nouveaux employés, pour bien communiquer la vision de l’entreprise. Elle souligne qu’il faut répéter au moins sept fois les choses pour être bien compris. Il faut aussi penser à la rétroaction et aux ajustements en temps réel en fonction de ce qu’on entend de son équipe.
« Lorsqu’on n’a pas les moyens, c’est la qu’il est important d’avoir une marque forte. On voit trop de copier-coller dans le monde des affaires. Vous devez avoir le courage de vous définir, de vous aligner et de faire des choix », conclut-elle.