Ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne était l’invité du premier souper de Vision PDG qui avait pour thème de « Rapprocher ». Celui qui fut nommé parmi les « Young Leader Globals » à Davos en 2009 s’est lancé en politique en 2015 et est nommé, en 2017, ministre du Commerce international dans le cabinet de Justin Trudeau. Le 18 juillet 2018, date à laquelle il est nommé ministre de l’Infrastructure et des Collectivités, puis, le 20 novembre 2019, il devient ministre des Affaires étrangères, a rappelé Nicole Martel, la PDG de l’Association québécoise des technologies (AQT).
Pour mettre la table à son échange avec le ministre, la PDG de l’AQT a souligné que le secteur des TI comptait pour 150 000 emplois, créant des emplois de qualité, de la richesse économique et accompagnant la transformation numérique. Par ailleurs, 8 entreprises sur 10 vendent à l’international. « Tout ce qui est numérique a un avenir », lance le ministre, pensant notamment aux secteurs de l’aérospatial, de la batterie électrique, de la biotech, de la fintech, ainsi que de l’intelligence artificielle et la cybersécurité. Arrivant de Davos, il dit avoir remarqué un engouement du monde sur ce qui se fait au Québec et au Canada. Cela passant avant tout par le talent, mais aussi par l’écosystème. Il donne en exemple le président de Moderna qui, avant que l’entreprise ne s’installe au Québec, lui avait demandé expressément ce qui en était des talents et de l’écosystème.
« Comme ancien ministre des Affaires internationales, je peux vous dire que le Québec est une excellente porte d’entrée, dit-il. D’ailleurs, le Canada est le seul pays du G7 qui a des accords avec tous les autres pays du G7. Pour les 27 pays d’Europe, le Québec s’avère une excellente entrée vers l’Amérique du Nord. » Le Canada compte des délégués commerciaux dans 160 villes à travers le monde dont le mandat s’avère d’aider les entreprises canadiennes à se développer partout sur la planète.
L’échange avec la PDG de l’AQT terminé, ce sont les membres de l’association qui ont pu poser des questions au ministre. Et ils n’ont pas été timides! L’un a fait remarquer que le Canada propose d’excellents crédits d’impôt et des programmes de R&D incroyables, mais que le défi demeure la commercialisation de cette R&D. « Au dernier budget, nous avons créé une agence d’innovation, comme la Finlande l’a fait en premier », a rappelé François-Philippe Champagne. Maintenant, il faut voir comment accélérer la commercialisation et le Canada doit en faire davantage. Et, surtout, il faut voir comment le gouvernement fédéral peut être votre premier client.» Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie rappelle que le pays fait de nombreuses missions commerciales sur une foule de thématiques, alors pourquoi pas une mission sur le numérique? « Il faut voir ce qu’on peut faire ensemble et où on peut avoir le plus d’impact, note-t-il. Ce que j’aimerai faire, c’est d’identifier 2 ou 3 pays les plus prometteurs pour le Québec. »
Le 19 mai, le ministre annonçait l’intention du gouvernement d’interdire l’utilisation des composantes et des services de Huawei et de ZTE dans le système de télécommunications du Canada. Selon lui, la résilience du réseau 5G, mais aussi du réseau 4G va être la clé en matière d’innovation. Il reconnaît que le Canada possède un certain retard en matière d’adoption du numérique, donnant en exemple l’Estonie, et même l’Ukraine en pleine guerre, qui ont largement de l’avance. Il existe encore des entreprises au Québec qui n’exploitent pas encore les données. Pour vraiment encourager l’adoption du numérique dans les entreprises, il en appelle aux PDG, notant que le quantique n’est pas si loin, entre autres avec les avancées de Xanadu.
Reste l’épineux problème de l’achat par les entreprises et les gouvernements de l’achat de solutions développées par des entrepreneurs d’ici. À cela, le ministre répond que, dans le dernier budget, 4 milliards $ avaient été accordés. Et ce 4 milliards, il faut dorénavant l’utiliser à bon escient. « Nous allons aider l’industrie, promet-il. Je reviens des pays baltes et j’ai vu les outils numériques qu’ils utilisent. Il faut faire atterrir toutes ces belles technologies développées ici. » Il faut des talents formés ici par des entreprises d’ici, croit-il. Et pas uniquement dans le domaine des TI. La question des talents devient un frein, même si, dans le domaine industriel, on voit de bonnes nouvelles comme le retour de GM au Québec. Il a aussi des discussions avec les gens de la filière des batteries, pour voir comment former les talents au Canada. On a besoin de techniciens et techniciennes et il faut aider les jeunes à entrer dans l’industrie.
François-Philippe Champagne s’est aussi penché sur les enjeux de cybersécurité. Le monde de demain est en train de se définir, surtout lorsque l’on voit un Vladimir Poutine effacer 90 ans d’histoire en 90 jours. « La cybersécurité devient centrale et nous voulons créer un groupe de réaction rapide, dit-il. S’il y a une cyberattaque contre le système bancaire ou le système de santé en Ukraine, il faut un groupe de réaction rapide, car, aujourd’hui, la guerre se déroule au-delà du territoire ukrainien. »