Dans les années 1990, il y avait très, très peu de femmes dans le secteur des TI. J’ai souvenir de salles combles, où je pouvais compter sur les doigts d’une seule main le nombre de femmes dans les salles. Encore aujourd’hui, c’est impensable de voir qu’un marché en forte croissance, créant de nouveaux emplois, des produits révolutionnaires, des services innovants, et qui connaît une pénurie aiguë de main-d’œuvre qualifiée, a encore de la peine à attirer des femmes. La perception du milieu techno-numérique est encore à l’image d’un Club des gars. C’est tout à fait normal dans une industrie dont les femmes ne représentent que 20 % des effectifs.
Pourtant, il faut souligner des gestes inspirants. Déjà en 2012, l’ancienne ministre Monique Jérôme-Forget publiait l’essai « Les femmes au secours de l’économie : pour en finir avec le plafond de verre » où elle écrivait : « La performance des entreprises et la santé économique du Québec reposent désormais sur la diversité des talents et la souplesse des plans de carrière. C’est ainsi que nous surmonterons le défi démographique qui nous attend et que nous ferons éclater le plafond de verre qui ralentit la moitié d’entre nous. »
Je pense aussi à Gina Cody, première femme à obtenir un doctorat en génie du bâtiment de l’Université Concordia en 1989 et conférencière à Vision PDG 2020, qui a fait un don historique de 15 millions de dollars à Concordia en 2018, ce qui a permis de fonder l’École de génie et d’informatique Gina-Cody.
Quelques idées ont été mises en place dans les dernières années, dont l’initiative 30 en 30 d’Ingénieurs Canada qui encourage depuis longtemps les organismes de réglementation du génie et d’autres parties prenantes du secteur à travailler en collaboration et à partager le pouvoir, la prise de décision et la responsabilité. Et l’AQT n’est pas en reste : depuis quelques années, nous avons mis en place des actions, des programmes, des opportunités et des pistes d’amélioration dans le but de transformer ce contexte et d’éliminer les obstacles systémiques qui contribuent à l’inégalité entre les genres au sein des entreprises du secteur.
Les entreprises doivent prendre des décisions stratégiques pour attirer davantage de femmes dans leurs équipes, ce qui contribuera à leur croissance. Elles peuvent faire preuve d’innovation en gestion des ressources humaines grâce à la mise en place de politiques de mixité avant-gardistes dans un milieu traditionnellement masculin. Des gestes très simples peuvent aussi favoriser l’embauche et la rétention des femmes dans le secteur des TI :
C’est à vous, les dirigeants, de faire la différence, soyez un modèle et une source d’inspiration. Mettez de l’avant l’expertise de vos employées quand, par exemple, vient le temps de proposer une conférencière lors d’un événement de l’industrie. Et, rappelez-vous, l’industrie techno-numérique n’est pas faite seulement des technologues. On compte beaucoup de postes à combler dans différents départements : ressources humaines, communications, marketing, comptabilité, développement des affaires, ventes, administration, service à la clientèle, opérations, finances, services juridiques, entre autres. Et, pourquoi pas, dès le primaire, ne pas encourager nos filles à s’intéresser aux sciences, technologies, ingénieries et mathématiques, que l’on appelle familièrement STIM?
En ce 8 mars 2022, disons-nous qu’il est de notre responsabilité d’ouvrir la voie aux femmes et à la diversité dans les entreprises en TI pour garantir leur croissance et leur longévité.