L’impact des élections américaines pour le secteur techno québécois

L’impact des élections américaines pour le secteur techno québécois

Lors de sa conférence auprès des membres de l’AQT, Pierre Cléroux, économiste en chef de la BDC, a partagé ses analyses concernant l’impact des élections américaines sur l’économie québécoise et canadienne. Répercussions sur les relations commerciales, tendances économiques et nécessité de rester à l’affut des futures politiques économiques américaines étaient au menu. Voici un survol des éléments discutés.

À retenir
— Résilience face aux tarifs douaniers : Dans le passé, l’économie canadienne a démontré sa résilience et sa capacité à s’adapter malgré les tarifs, comme ce fut le cas avec la hausse des exportations vers les États-Unis en 2022, qui atteignaient des niveaux record malgré l’imposition de droits de douane par l’administration Trump.

— Nécessaire vigilance quant au risque d’un écart de compétitivité pour les entreprises québécoises : Une combinaison potentielle de réductions d’impôts aux États-Unis et d’augmentation des tarifs douaniers pourrait creuser l’écart fiscal avec le Canada, affectant la compétitivité des entreprises québécoises sur le marché nord-américain.

— Innovation incontournable pour les PME québécoises : 48 % des entreprises prévoient augmenter leurs investissements en technologies de l’information au cours de la prochaine année, le taux le plus élevé depuis 2022, stimulé par l’adoption de l’intelligence artificielle.

— Perspectives de croissance pour le Québec : Après une croissance quasi nulle en 2023, une progression de 0,7 % est attendue en 2024, suivie d’une amélioration plus significative en 2025 grâce à la baisse des taux d’intérêt et aux investissements majeurs.

Résilience face aux tarifs douaniers
Malgré les droits de douane imposés par l’administration Trump entre 2016 et 2020, les exportations canadiennes ont démontré une remarquable capacité d’adaptation, atteignant des niveaux records en 2022. Avec 75 % des exportations canadiennes destinées aux États-Unis, cette performance témoigne de la solidité et de l’agilité des entreprises québécoises et canadiennes face aux tensions commerciales. Cependant, la menace d’une nouvelle imposition de tarifs douaniers, variant entre 10 % et 20 % sur les importations canadiennes, demeure préoccupante.

Les taux d’intérêt en baisse : une bouffée d’oxygène pour les entreprises
Pierre Cléroux a noté que la récente hausse des taux d’intérêt a coûté 77 milliards de dollars aux Canadiens en paiements d’intérêts. Cependant, la Banque du Canada amorce une tendance à la baisse, avec une prévision de 2,5 % d’ici l’été 2025. Cette baisse, en réduisant le poids de l’endettement, pourrait stimuler l’innovation et encourager les entreprises à investir dans la transformation numérique, notamment dans des technologies comme l’intelligence artificielle.

Les PME québécoises miseront sur l’innovation technologique
D’après les sondages de la BDC, 48 % des entreprises prévoient augmenter leurs investissements en technologies de l’information au cours des 12 prochains mois, soit le taux le plus élevé depuis 2022. L’intelligence artificielle y joue un rôle central, permettant de stimuler leur productivité. Plus qu’un simple atout, l’innovation devient désormais indispensable pour assurer la croissance des entreprises.

Énergie et innovation : moteurs de croissance économique
Des investissements massifs devraient propulser la croissance économique du Québec, et le positionner comme un leader en énergie verte et en technologies propres. Hydro-Québec a annoncé un engagement de 100 milliards de dollars pour augmenter sa capacité de production d’énergie. Parallèlement, Northvolt envisage d’investir 7 milliards de dollars dans une usine de fabrication de batteries au Québec, bien que cet investissement reste incertain. Ces projets d’envergure devraient dynamiser l’économie québécoise en attirant des investissements, en créant de l’emploi et en stimulant les secteurs clés de l’économie.

Anticiper l’agenda économique américain
Pierre Cléroux a souligné les incertitudes liées à une possible réélection de Donald Trump en 2024. Son agenda économique pourrait inclure une réduction des impôts aux États-Unis, stimulant leur économie mais creusant l’écart fiscal avec le Canada, ce qui affecterait la compétitivité des entreprises canadiennes. De plus, l’imposition potentielle de tarifs douaniers de 10 % à 20 % sur les importations, y compris celles du Canada, malgré la résilience de l’économie, pourrait avoir un impact négatif sur les exportations. Il sera crucial de rester vigilants, de surveiller les développements politiques et économiques, et d’adapter les stratégies en conséquence.

Perspectives de croissance pour le Québec
Après une année 2023 marquée par une stagnation économique, les prévisions pour 2024 et les années suivantes s’annoncent plus prometteuses. Une croissance économique de 0,7 % estanticipée en 2024, avec une reprise plus vigoureuse prévue en 2025, portée par la diminution des taux d’intérêt et une accélération des investissements. Parmi les indicateurs positifs, on observe une reprise des mises en chantier et une hausse des ventes au détail, reflétant un regain de confiance tant chez les consommateurs que chez les entreprises.