Pour bâtir un avenir florissant, l’industrie québécoise des technologies de l’information et des communications doit relever des défis colossaux, dont celui de la formation continue.
Portée par l’engouement mondial pour l’économie numérique, Internet et l’innovation technologique, l’industrie québécoise des technologies de l’information et des communications (TIC) est en bonne santé. Elle a d’ailleurs connu une croissance annuelle moyenne de 4,4 % entre 1997 et 2013, soit deux fois plus que le PIB total du Québec.
Or, sa croissance est directement liée à la disponibilité et au développement de ressources compétentes et qualifiées. Et à cet égard, les défis se multiplient au même rythme que les innovations technologiques. Voici les grands enjeux relevés par TECHNOCompétences dans son dernier diagnostic sectoriel.
Les spécialistes en TIC sont fortement scolarisés : près de 60 % détiennent un diplôme universitaire, une proportion en hausse de 6 % par rapport à 2011.
Mais la formation initiale ne suffit plus à maintenir des standards de qualité élevés. En raison de l’évolution rapide des technologies, ces travailleurs n’ont certainement pas le luxe de s’asseoir sur leurs lauriers ! Bonne nouvelle : 85,3 % d’entre eux ont consacré du temps à la formation continue – à raison d’environ deux heures par semaine –, révèle une enquête menée par TECHNOCompétences à l’été 2014.
En revanche, plus le spécialiste est expérimenté, moins il a tendance à peaufiner sa formation. Ainsi, les travailleurs comptant moins de cinq années d’expérience consacraient environ 3,5 fois plus d’heures au développement professionnel que ceux ayant plus de dix ans au compteur. Un enjeu à ne pas négliger puisque le personnel expérimenté occupe des postes de gestion essentiels au développement du secteur.
Avec un délai d’embauche moyen de 53 jours – 13 de plus qu’en 2012 –, les emplois en TIC font partie des postes les plus longs à pourvoir au Québec. Près d’une entreprise du secteur des TIC sur deux identifiait d’ailleurs le recrutement d’une main-d’œuvre qualifiée comme LE grand défi de la gestion des ressources humaines, constatait l’enquête de TECHNOCompétences.
Les principaux enjeux ? Le manque de candidats détenant les compétences et les spécialisations recherchées, relevé par plus des trois quarts (77 %) des entreprises, ainsi que le manque d’expérience suffisante.
Les effets de la rareté se font toujours sentir lorsque vient le temps de pourvoir les postes exigeant une expérience de 5 à 7 ans. Si le nombre de professionnels en TIC répond quantitativement à la demande, les attentes à leur égard sont élevées.
TECHNOCompétences remarque que bien qu’elles présentent des besoins uniques à leur situation, les entreprises convoitent des gestionnaires ferrés connaissant bien leur environnement d’affaires. Autant demander la lune…
En 2013, un peu plus d’une entreprise sur deux a consacré 1 % ou plus de sa masse salariale au développement professionnel des employés, en vertu de la Loi favorisant le développement et la reconnaissance des compétences de la main-d’œuvre.
Fait à noter, 57 % des entreprises sondées n’avaient pas de stratégies définies quant au développement professionnel de leurs employés, et seulement 12 % envisageaient d’en mettre une sur pied. Chiffre alarmant pour un secteur où les compétences deviennent désuètes trois fois plus rapidement qu’ailleurs. Bref, au-delà de la gestion de la performance, peu de politiques organisationnelles misent sur le développement de la main-d’œuvre, constate TECHNOCompétences.
Comment les entreprises du secteur des TIC favorisent-elles le développement des compétences ? Pour l’heure, les stratégies sont plutôt classiques. Dans l’ordre : remboursement des activités de formation, formation pendant les heures de travail, formation selon les intérêts et demandes des employés, paiement des frais de déplacement et d’hébergement.
L’implantation de bonnes pratiques en analyse des besoins de perfectionnement et en formation interne, l’utilisation des nouvelles technologies dans la diffusion et la captation des savoirs ainsi que de nouvelles approches d’apprentissage collaboratif sont quelques-unes des avenues que les entreprises en TIC devront explorer afin d’être plus efficaces dans le développement des compétences de leur main-d’œuvre.
Préoccupés par la vitesse des évolutions technologiques, les professionnels en TIC interrogés ont tous reconnu l’importance de la formation continue, qui doit d’ailleurs devenir une priorité absolue pour eux.
De leur côté, même si elles investissent beaucoup dans la formation, les entreprises doivent se doter de meilleurs réflexes d’anticipation à cet égard et mettre en place les stratégies de développement de leur capital humain.
Institutions d’enseignement, individus, entreprises : tous doivent concourir à établir une véritable culture de la formation continue dans le secteur québécois des TIC. Dans un monde en constante évolution, ce n’est plus une option, mais un incontournable.
Rémi Villeneuve, CRHA
Gestionnaire | Initiatives formation et développement d’affaires
TECHNOCompétences
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Issue des initiatives de l’intervention sectorielle régie par la Commission des partenaires du marché du travail, TECHNOCompétences effectue tous les trois ans un « diagnostic sectoriel » visant à collecter de l’information-clé sur la main-d’œuvre et les entreprises actives dans le secteur des technologies de l’information et des communications au Québec et à identifier les principaux défis que doit relever le secteur. Une offre de formations subventionnées est également mise sur pied pour répondre à certains de ces défis.