Lundi dernier, nous avons eu le privilège d’entendre une sommité mondiale sur l’intelligence artificielle et l’apprentissage profond. C’est dans le cadre d’une Grande Conférence AQT que Yoshua Bengio, directeur du MILA et professeur à l’UdeM, a exposé à une salle remplie les bases de ces nouvelles technologies en plus de discuter des enjeux s’y rattachant lors d’une période de questions.
Comme l’a expliqué monsieur Bengio, ce sont les connaissances qui sont à la base de l’intelligence artificielle, technologie qui se nourrit de l’apprentissage profond découlant d’une quantité d’information massive. Effectivement, plus un système reçoit des informations, plus celui-ci sera intelligent et pourra prendre des décisions basées sur les données traitées. Le défi principal du développement de cette technologie réside dans le fait d’inculquer à un ordinateur ou à un système, par l’intermédiaire d’algorithmes, ce que nous appelons communément l’intuition. Comment décomposer le processus intuitif réalisé par notre cerveau pour, par exemple, reconnaitre une émotion chez quelqu’un ? Nul besoin de dire que la tâche est très complexe et que l’apprentissage profond requiert des années de recherche pour se développer et se peaufiner.
Tous ces efforts en valent amplement la peine, car le potentiel de telles percées technologiques est immense ! Pour les années à venir, ce sont des milliards de dollars et même plus en retombées qui sont estimés suite à l’intégration de l’IA.[1] Plusieurs domaines seront révolutionnés dont, entre autres, le secteur médical et celui de l’aérospatial. C’est pour profiter de ces opportunités que le gouvernement du Canada a décidé d’investir de façon massive dans le développement et l’implantation de ces technologies afin de positionner mondialement l’expertise de Montréal et du Canada dans ce domaine. De plus, il est prévu que cette technologie, une fois mise en place dans les entreprises, pourrait simplifier jusqu’à un emploi sur deux en facilitant l’accomplissement de plusieurs tâches[1], ce qui entrainera forcément une redéfinition de plusieurs métiers et professions.
Ces changements importants ont, bien entendu, soulevé des questions au sein de l’assistance. La portée des impacts sociaux ainsi que les enjeux relevant de l’éthique ont été soulevés, illustrant que ces questions, pour le moment sans réponses, doivent encore à ce jour être considérées pleinement. Yoshua Bengio a toutefois été très clair : il faut mettre en place les stratégies d’implantation de l’IA au sein des entreprises québécoises sans attendre afin d’éviter un retard considérable au niveau mondial, ce qui nous priverait des meilleures retombées économiques et sociales. Comme l’a mentionné le directeur du MILA aux participantes et participants à sa conférence, « […] intégrer ces changements dans vos entreprises n’est pas juste une question de compétitivité, c’est une question de survie. »
Cependant, le coût actuel de ces technologies est extrêmement dispendieux et l’accès est restreint pour nos PME. L’AQT veillera à ce qu’un support soit mis en place pour que celles-ci puissent bénéficier des ressources nécessaires à l’implantation de l’IA et éviter que seules les grandes entreprises en profitent. Nous conclurons à l’aide des mots de monsieur Bengio : l’humain aura toujours sa place et ne sera pas fondamentalement remplaçable. L’intention est de mettre l’intelligence artificielle à notre service, et non le contraire.
[1] Tiré de la présentation de Monsieur Yoshua Bengio disponible en ligne dans le centre de référence de l’AQT.