En 2014, Alexandre Jalbert et Steve Cholette fondent MEDIAVORE Interactif, une firme qui conçoit et développe du e-commerce B2B / B2C, des applications Web et des outils de gestion (ERP Web). En 2016, ils lancent leur propre technologie, sous le nom de dvore, une plateforme de commerce électronique pour les consommateurs et les entreprises, qui oeuvre particulièrement dans le secteur manufacturier. Récemment, la compagnie a entrepris des démarches pour devenir B Corp. Lors de Vision PDG, le cofondateur a raconté le chemin vers cette certification.
« Nous venons de greffer des modules de formation à notre plateforme qui permet la validation des communications et des certifications, explique Alexandre Jalbert. Cela commence à avoir davantage du sens ; les gens s’en servent pour vendre leurs produits et ensuite former leurs clients, par exemple sur comment faire des installations ou de la maintenance. Ça colle bien ensemble. »
dvore compte aujourd’hui 250 clients et se trouve en croissance au Canada et aux États-Unis. Parmi ses clients, elle compte Avantis Coopérative, qui regroupe six coopératives agricoles.
Pendant la dernière année, l’entreprise de Laval a développé le nouveau produit Planivore, un outil de planification stratégique, un peu par hasard, note Alexandre Jalbert. Cet outil, qui suscite beaucoup d’intérêt, a déjà été implanté au Collège Ahunstic pour le suivi du plan stratégique, de tous les plans de travail des différentes directions, ainsi que la reddition de comptes aux parties prenantes. « Il y avait beaucoup de complexité dans leur façon de faire, explique Alexandre Jalbert. Nous avons développé pour eux un tableau de bord en quelques mois. Ils ont adoré le produit et nous sommes en train de l’implanter dans sept autres cégeps. » D’autres entreprises sont également intéressées à en faire la distribution.
Lors de sa présentation à Vision PDG, Alexandre Jalbert a commencé par un chiffre frappant : 64 % des gens de la génération Z sont prêts à payer davantage pour des produits durables ou bons pour l’environnement. Les catastrophes naturelles coûtent 300 milliards $ et, localement, 1,2 million de Canadiens vivent sous le seuil de la pauvreté. Dans ce monde changeant, les entreprises veulent devenir plus vertes, plus sociales et améliorer leur gouvernance. D’où l’engouement pour les certifications telles que B Corp.
« Le B Corp représente un moyen pour les entreprises d’adopter des normes éthiques, environnementales et sociales, explique-t-il. Pour obtenir la certification, il faut passer à travers tout un processus pour apporter des changements, d’autant plus qu’elles vont être auditées. »
Aujourd’hui, quelque 6 200 entreprises sont certifiées B Corp. Cela peut sembler peu, mais l’engouement existe. Mais quels sont les bénéfices pour les entreprises ? « La première chose pour dvore a été que le choix est venu du leader, précise Alexandre Jalbert. Cela demande une vision. »
Cette certification permet d’améliorer les pratiques et la performance de l’entreprise en optimisant les ressources et l’utilisation de celles-ci, d’avoir davantage de transparence auprès des parties prenantes, à savoir les clients, les partenaires et les investisseurs. Il faut avoir une vision à long terme, ce qui permet de structurer les idées. « Tout le monde marche dans la même direction, dit-il. Nous avons mobilisé tout le monde dans l’entreprise. » Les entreprises B Corp améliorent aussi leur marque employeur, en se positionnant plus particulièrement chez les plus jeunes en situation de pénurie de main-d’œuvre.
« Nous avons affiché deux postes et nous avons reçu 200 CV, illustre le PDG de dvore. Cela permet aussi de retenir les employés ; les gens veulent de plus en plus trouver un sens à leur travail, pas juste un salaire. Cela permet aussi de se démarquer de ses concurrents et d’améliorer la crédibilité de l’entreprise auprès des clients et d’attirer de nouveaux clients pour qui la certification fait pencher la balance. »
Dvore a choisi de passer par ce processus long et difficile parce que cela faisait partie de la réflexion de sa haute direction. En effet, Alexandre Jalbert s’est demandé ce qu’il voulait laisser après 10, 15 ou 20 ans, désirant avoir un impact. Le processus pour obtenir la certification demeure cependant fastidieux. La première étape est de remplir un questionnaire en ligne à peu de coûts et de répondre à toute une série de 200 questions. Pour être considéré, il faut avoir au moins 80 bonnes réponses. La deuxième étape vise à mettre en place les changements à apporter, ce qui demande de modifier les statuts constitutifs, de repenser la mission et la raison d’être de l’entreprise. « Il y a beaucoup de documentation à produire, prévient-il. Il faut indiquer les indicateurs clés. » Dvore a fait appel à une firme d’accompagnement et le processus a pris de 4 à 6 mois. Une fois l’entreprise certifiée, il faut refaire l’exercice tous les trois ans en s’améliorant constamment. À partir de 2024, des changements à l’évaluation vont être apportés, la rendant plus difficile.
Alexandre Jalbert a conclu sa présentation en proposant quelques astuces et bonnes pratiques. Dvore a bâti un comité B Corp à l’interne. Il faut prévoir du temps, car la certification demande beaucoup de documentation à mettre en place. « Le questionnaire peut être tricky, met-il en garde. Par exemple, lorsque l’on parle d’achat local, il faut que ce soit dans un rayon de 30 kilomètres. Il en coûte 150 $ pour la demande, puis 2 000 $ de frais. Surtout, cela exige du temps à l’interne. »
Les entreprises qui désirent se lancer (avant 2024 !) peuvent faire appel à des firmes telles que Credo et Boîte Pac. Les entreprises québécoises peuvent aussi obtenir du financement du Fonds Écoleader, une initiative du gouvernement du Québec qui guide les entreprises québécoises dans l’approche d’une démarche écoresponsable.