Phénomène à la mode, le métavers s’insinue dans toutes les conférences des secteurs des technologies de l’information et du numérique. Le Big Bang 2022, organisé par l’Association québécoise des technologies (AQT), n’y a pas fait défaut, invitant Amin Bensadok, conseiller en matière de chaîne de blocs et de cryptomonnaie chez Deloitte, et Olivier Chartrand, vice-président, partenariats, chez OVA, qui ont mis la table en expliquant tout d’abord ce qu’est le métavers.
« Le métavers est la nouvelle itération d’Internet, souligne le conseiller en matière de chaîne de blocs et de cryptomonnaie de Deloitte. Il s’agit d’un nouveau format qui comprend de la 3D. On interagit différemment dans l’univers virtuel qu’au téléphone ou à l’ordinateur. Le métavers peut être vu comme une version gamifiée d’Internet, plus proche du jeu vidéo. »
Le concept même de 3D ouvre la porte à la création, estime Amin Bensadok, et cela, sans limite alors qu’on peut accéder à une sélection d’univers dans lesquels on peut s’immerger.
Avec le métavers apparaît la notion de phygital (passer par la technologie pour faire le lien entre le monde numérique et le monde physique). Or, les expériences en réalité virtuelle permettent de faire le pont entre le numérique et le physique.
« Il existe un parallèle explicite avec les réseaux sociaux qui se trouvent déjà dans la boîte à outils du métavers, ajoute-t-il. Et cela amène aux filtres, auxquels sont déjà habitués les gens des reseaux sociaux. En marketing, on peut les utiliser pour capitaliser sur un événement ou un produit. »
Reste ensuite à voir comment arriver à augmenter un univers qui existe déjà. Amin Bensadok donne en exemple le calendrier scanné du CH avec lequel on peut augmenter le produit et aller chercher des bénéfices, surtout auprès des fans. On peut inclure de la personnalisation, ce qui crée de l’engagement auprès des marques. Par exemple, une chaîne d’hôtels pourrait faire vivre l’expérience de l’environnement de ses établissements dans le métavers, sachant que 40 % des consommateurs disent qu’ils seraient prêts à payer plus cher pour un produit s’ils pouvaient le personnaliser. Les produits phygitaux sont énormément populaires pour la personnalisation d’un bien et très appréciés des collectionneurs. On peut même les envoyer sur une plateforme où un avatar pourra montrer les produits phygitaux. L’idée consiste à créer un sens de connexion plus fort. Parmi les marques qui l’ont compris, on compte Nike, mais aussi Lacoste, qui a construit un monde virtuel dans Minecraft pour ensuite le transposer dans les magasins physiques.
De son côté, OVA a commencé à s’intéresser aux univers virtuels dès 2014 et a lancé, en 2020, StellarX, une solution pour aider les industries, les entreprises et les particuliers à accéder au métavers grâce à des technologies immersives et à l’intelligence artificielle. En 2015, par le plus grand des hasards, la cofondatrice d’OVA, Lucie Rivard, croise quelqu’un de chez Lockheed Martin Canada (LMC), leur montrant ce sur quoi travaillait ce qui était alors une petite entreprise de trois personnes. LMC leur a demandé de créer un environnement de réalité virtuelle. Le lendemain, OVA a commandé un des premiers casques de réalité virtuelle, l’Oculus DK2, et l’aventure commençait.
Le métavers ouvre des possibilités intéressantes dans le monde de la formation et de la maintenance, souligne Olivier Chartrand. Avant, il fallait des connaissances technologiques très avancées, aujourd’hui, on peut simplement glisser et déposer. Le logiciel que nous avons développé peut télécharger des millions d’objets en ligne et nous offrons de nombreux gabarits d’usines et de salles de classe, etc. À ce jour, l’équipe de StellarX a surtout travaillé dans les secteurs de la défense et de l’aérospatial. Elle a voulu créer quelque chose qui traverserait les plateformes. Maintenant, OVA oeuvre avec le service d’incendie de la Ville de Québec pour la simulation de cas de crise, donc dans un contexte long, complexe et dangereux.
« Lorsque nous travaillons avec un client, nous produisons beaucoup d’objets en 3D que nous pouvons ensuite faire en réalité étendue, ajoute Olivier Chartrand. Nous avons travaillé avec Bombardier pour un projet capable de détecter des défauts dans une pièce à distance. »
Le métavers peut également devenir un atout pour les entreprises internationales qui veulent faire de la formation à distance. L’apprentissage en réalité virtuelle peut avoir beaucoup plus d’impact que dans le monde réel, croit enfin le vice-président, partenariats, d’OVA.
Article rédigé par Sophie Bernard (Lien Multimédia)