Après des études en programmation, Katie Bussières a travaillé en consultation et en gestion. Elle a oeuvré quelques années dans une entreprise qui a fait plusieurs acquisitions et a découvert l’aspect affaires. Avec le temps, elle s’est sentie prête à passer de l’autre côté de la force et a acquis Nubik en 2016, une entreprise qui se spécialisait dans l’intégration de Salesforce, qui comptait 398 employés et qui s’était positionnée essentiellement au Québec. Le Lien MULTIMÉDIA a rencontré la PDG de Nubik en marge de Vision PDG, le grand rendez-vous des membres de l’Association québécoise des technologies (AQT).
« Ce serait bien s’il existait un magasin ou une vitrine où on pourrait choisir l’entreprise disponible pour une transaction, s’amuse à lancer Katie Bussières. Je suis tombée sur Nubik par un concours de circonstances. J’ai quitté l’entreprise pour laquelle je travaillais depuis quelques années et j’ai appris par une connaissance que Nubik était à vendre. Ce n’était pas un bon fit pour lui, mais pour moi, oui. » Les discussions ont duré quelques mois et elle a acquis l’entreprise six mois après avoir quitté son emploi, le 6 août 2015.
Depuis, Nubik a beaucoup évolué, la nouvelle patronne arrivant avec sa vision et désirant insuffler une croissance. Elle a trouvé un soutien précieux chez Nubik, qui comptait des gens de grande valeur qui y travaillent toujours aujourd’hui. « Quand je suis arrivée, un mode de gestion différent était déjà implanté, raconte la PDG. Les employés faisaient déjà du télétravail alors que j’étais contre le travail à la maison. J’ai fait confiance à la vie. Il m’a fallu un an pour m’adapter et je me suis rendu compte que les gens étaient vraiment performants malgré le fait qu’ils travaillaient à la maison ou, plutôt, parce qu’ils travaillaient à distance. »
Cela fait presque 7 ans que Katie Bussières a acquis Nubik et, même si la pandémie a ralenti la croissance de l’entreprise, elle a réussi à multiplier par quatre ses revenus dans les cinq premières années. Et, surtout, l’entreprise a commencé à étendre ses activités hors du Québec. Si la province représente encore 30 % de la clientèle de la firme, le chiffre d’affaires provenant d’ailleurs se situe à 50 %. Il faut dire que le type de clientèle a beaucoup évolué. Lorsque la PDG est arrivée en poste, l’entreprise comptait surtout des petites entreprises comme clients. Aujourd’hui, des petites et grandes entreprises font appel à ses services. « Le marché a aussi évolué, note Katie Bussières. Le manque de ressources humaines nous a obligés à élargir notre base de clients et d’aller chercher de plus grandes entreprises. »
Et l’offre de Nubik aussi a évolué. D’une entreprise offrant des solutions CRM (Customer Relationship Management), Katie Bussières voulait ajouter des solutions ERP (Entreprise Ressource Planning). Au début, elle n’avait pas les ressources nécessaires à l’interne. Il a fallu aller chercher des gens de l’extérieur avant de commencer à élaborer des projets ERP et, avoue la PDG, ce ne fut pas facile. « Oui, j’ai acheté une entreprise, mais il y avait une équipe avec qui j’ai démarré de nouveaux services en allant chercher de nouveaux partenaires. »
La crise sanitaire a apporté beaucoup de changements dans le monde des TI. La pénurie de main-d’oeuvre se fait lourdement sentir, il faut donc maximiser le temps et les investissements, innover, et surtout, se transformer. De nombreuses entreprises de tous les secteurs ont entamé leur transformation numérique, ce qui a, certes, apporté de nouveaux clients chez Nubik, mais qui conjuguent, comme beaucoup d’autres entreprises en TI avec un manque d’employés flagrant. La firme ne cherche pas seulement des programmeurs, mais aussi des ingénieurs et des experts.
Katie Bussières veut continuer de faire croître Nubik, les deux dernières années de pandémie ayant ralenti la croissance. Pour la prochaine étape, la PDG veut continuer à embaucher, à former mieux. Il faut être davantage créatif, croit-elle, car les besoins en TI demeurent énormes. « Il est très difficile de faire un plan pour l’avenir, dit-elle. Nous sommes la somme de nos ambitions, mais nous manquons de bras. »
C’est la septième fois que Katie Bussières participe à Vision PDG et lorsqu’on lui demande pourquoi, un seul mot lui vient : le partage.
« La première fois où je suis venue, je cherchais des informations, je venais d’acheter Nubik et je vivais avec le syndrome de l’imposteur. Après tout, je me suis imposée comme PDG, je me suis acheté une job et je me suis nommée présidente, sans jamais l’avoir été et sans exemple concret autour de moi. Donc j’étais venue chercher de l’information. La deuxième année, j’ai compris que j’avais des choses à apporter aux autres et cela m’a aidée à prendre confiance en moi. Échange, c’est vraiment le mot clé. Je viens autant pour aider que pour me faire aider », conclut-elle.